Nos talents
Où qu’il aille, pour peu qu’il y ait dans les parages une merveille gothique ou un vestige de muraille, Henrique est du genre à poser les yeux partout, admirant jusqu’au moindre caillou : « J’aime les belles lumières et les belles harmonies. Quand je suis en vacances, il n’est pas rare que je distingue la touche d’Aurige sur certains monuments. C’est un niveau de qualité qui ne trompe pas, alors forcément, lors des visites, je suis celui qui ralentit le reste du groupe ! » Déjà plébiscité au temps des cathédrales, le savoir-faire de l’Appareilleur des Compagnons de Saint Jacques est peu banal. Qu’Henrique mette sa patte sur les bouches à feu de la citadelle de Blaye, sur des voûtes en croisés d’ogives ou des fontaines ouvragées, qu’il réhausse les remparts d’un fort médiéval ou intervienne sur la construction ex nihilo d’un château viticole à Saint-Émilion, c’est avec une application chirurgicale qu’il modélise l’agencement des pierres de taille. Et comme la taille du caillou démarre dès le papier, bien avant le premier coup de ciseau, Henrique compile des dizaines de cotes afin de tout imbriquer au cordeau. Mobilisant un jeu de calculs et d’intuitions, il anticipe les effets de la gravité, des pressions mécaniques et de l’érosion ; vigilant du diagnostic jusqu’aux finitions, il veille à ce que la pierre s’insère harmonieusement auprès de ses congénères : « Que ce soit en restauration ou sur du neuf, l’Appareilleur se situe à la base du projet. La réussite du chantier suppose que ses projections soient d’une rigueur absolue. C’est stimulant et très satisfaisant de voir ce qu’on a dessiné se concrétiser au fur et à mesure. » Pour entretenir la souplesse de son poignet « comme le ferait un pianiste », il lui arrive, entre deux maquettes réalisées à la main, d’enfiler les gants pour taquiner la roche, de ciseler les volutes du fronton d’un kiosque.
À l’époque, déjà, Henrique se voyait bien suivre le sillage de son père maçon. En contrepoint de son baccalauréat scientifique, le jeune homme multipliait les petits boulots estivaux dans le BTP avant d’obtenir son CAP en taille de pierre dès l’année 2000. Dans son élan, Henrique rejoint les Compagnons du Devoir et arpente, entre autres, le Sud de la France pour parfaire son art ; il se fixera un moment dans les Bouches-du-Rhône, s’attelant à un chantier décisif : « J’ai passé une année à monter les deux-mille mètres cubes de pierre pour l’édification de l’église de la Sainte-Famille d’Istres. Dans le cadre de mon chef-d’oeuvre, j’y ai aussi réalisé les fonts baptismaux ! » Sur les recommandations d’un ancien, Henrique intègre en 2007 les Compagnons de Saint Jacques en qualité de Chef d’équipe tailleur. Encore lui fallut-il participer activement à un projet en jachère, car l’agence bordelaise n’était pas totalement sortie de terre – « du coup, j’ai participé à la création de l’antenne ! » Bien vite, Henrique découvre tout ce qu’un grand groupe peut déployer en termes de logistique, avec un outillage renouvelé à flux tendu ou encore son « joujou », ce scanner 3D dernier cri – « je me souviens d’ailleurs, lors de mon tout premier jour, ce fourgon qui m’attendait avec deux palettes de matériel neuf, ce que je n’avais jamais vu dans aucune autre entreprise ». Henrique put aussi bénéficier d’une formation en dessin assisté par ordinateur ; lorsqu’on lui proposa le poste d’Appareilleur, il se sentit capable de lui rendre pleinement honneur : « Historiquement, c’était une tâche dévolue aux architectes et aux ingénieurs. Mais les tailleurs de pierre peuvent apporter une vision plus empirique, très orientée sur la connaissance des matériaux et de l’architecture locale. On a les proportions dans le regard ! »
Dans la petite ville de Cézac où il a établi résidence, Henrique s’implique dans les activités compagnonniques en y dispensant son savoir et sa science. De la même manière, il retrouve volontiers ses origines lors d’un voyage à Monção avec son épouse et ses deux filles, où il perfectionne autant sa maîtrise de la langue de Magellan que son érudition en matière de beaux bâtiments : « À partir d’un granit particulièrement dur à travailler, les Portugais ont édifié des monuments incroyables en style baroque, comme la Tour des Clercs à Porto. » Même pour ce qui est de ses escapades livresques, l’éternel impénitent se raccroche au monde de la fresque, comptant parmi ses romans préférés Les Piliers de la Terre ou encore Les Étoiles de Compostelle – « sans surprise, j’adore les livres dont la narration tourne autour du travail de la pierre ! ». À n’en pas douter, ces auteurs pourraient puiser dans le quotidien d’Henrique de quoi combler nombre de pages blanches, tant il lui arrive de dénicher des capsules temporelles. Si les patronymes gravés à même la roche constituent l’essentiel des trouvailles, il est tantôt des découvertes inattendues, comme cette pièce argentine du XIXe siècle coulée dans quelques entrailles, ou encore des colifichets lovés dans un interstice. Honorant à son tour la tradition, Henrique glisse parfois dans une jointure un parchemin niché dans une bouteille. En la scellant de cire, il s’amuse ainsi à laisser pour les générations à venir et ses lointains successeurs, le souvenir de son passage dissimulé dans les profondeurs.
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Qu’elle flamboie sur le Palais de justice de sa ville de Rouen ou sur la façade de Notre-Dame, la pierre est pour Angelo une matière qui « renvoie au propre de l’âme » ; avant même que le Sculpteur ne la cisèle, il se recueille devant elle : « La roche a mis des milliers d’années à se former avant d’être modelée par l’humain ; je pourrais passer des heures à ausculter un monument dans ses moindres ornements ! Pour effectuer une intervention de qualité, il est fondamental de comprendre l’œuvre dans toutes ses dimensions. » Antiquité, Moyen Âge et Renaissance, immergé dans l’étendue des siècles, Angelo restaure selon les canons de l’époque ; il sait que quand les cheveux doivent filer droit sur une statue romane, ils virevoltent dans un style baroque – « c’est assez inexplicable, mais par la seule forme d’un membre, je peux reconnaître la patte d’un sculpteur. » De la même manière qu’il imprime la grâce aux petits anges, il affuble les gargouilles de grimaces ; il fait naître les chimères au son du burin, et en tapotant quelques refrains, prolonge le sommeil des gisants souverains. Cette recherche de l’harmonie des courbes et des lignes, Angelo la cultive depuis la réalisation de son premier Saint-Jérôme, qui préfigurerait sa trajectoire dans l’Hexagone. Si le Sculpteur en chef de chez Tollis assure la logistique et vérifie la sécurité des échafaudages, il demeure avant tout un homme de terrain. La chapelle royale de Versailles, l’abbaye du Bec-Hellouin et l’église Saint-Maclou sont autant de trésors qu’il aura marqués de son empreinte : « Pour l’abbatiale de Saint-Ouen, c’est une trentaine de greffes et de sceptres qui ont été réalisés pour la galerie des rois et des reines ! Dans ces moments-là, je réalise à quel point ma profession peut faire revivre un ouvrage d’exception. »
Au Panthéon des inspirations d’Angelo, on croise autant des bâtisseurs de châteaux que des grands maîtres du XVe, comme Léonard de Vinci ou Michel-Ange – « deux génies absolus qui ont tout saisi sur presque tout, des modèles ultimes, inatteignables, mais très inspirants. » La sculpture, cette « école de l’humilité », Angelo la fréquente aussi en dehors de son travail, tantôt le nez plongé dans les chapitres de L’Anatomie artistique de l’homme rédigée par le peintre Arnould Moreaux, tantôt le nez en l’air devant les flèches d’une cathédrale – « la dextérité sans le savoir, c’est l’assurance d’aller droit dans le mur ! La pierre est un métier d’investigation, s’intéresser à l’Histoire, c’est juste un minimum ! » Mais avant de développer son goût pour l’érudition, il fallut toute la sagacité d’une intuition paternelle pour que le collégien près du radiateur déploie son potentiel : « Une fois, mon père m’a donné un bout de bois et m’a dit : “exprime-toi !” Cela m’a tellement plu que j’ai fait pareil avec de la pierre, en fignolant des petites figurines. » Son intelligence de la main ainsi révélée, Angelo se lance dare-dare dans un CAP, mais s’inscrit sans le savoir dans une voie qui ne pourrait satisfaire son imaginaire, habité de figures statuaires : « Par manque d’informations, je pensais que la taille et la sculpture recouvraient la même réalité, alors qu’évidemment, ce sont deux approches et deux cursus radicalement différents. » Au gré de ce malentendu initial, Angelo se dotera toutefois d’un solide arsenal ; à seize ans, il rejoint le monde de la taille. Fourbissant ses armes dans plusieurs sociétés, il apprendra des années durant à distinguer la nature des roches, à maîtriser son outillage, à manipuler avec précaution le marteau pneumatique – « le pétard dans le jargon. » Un beau jour de 2010, il recroise le fondateur de Tollis qu’il avait déjà côtoyé dans le passé. Son attrait pour la sculpture plus ardent que jamais, Angelo lui propose ses services, averti que les créations de Tollis sauraient pleinement combler sa vocation artistique. À peine intègre t-il l’entreprise qu’il se met à la page, apprend sous la coupe de mentors comme Michel Vion à « sculpter bien, puis vite, puis vite et bien ». Il découvre aussi la spécificité française de la démarche globale : « Contrairement à d’autres pays, il est courant de changer un élément dans sa totalité et pas uniquement les fragments abîmés. Je trouve que c’est une très bonne approche ! »
Quand il quitte les côtes normandes pour un voyage vers d’autres latitudes, Angelo choisit l’Italie – « le pays des sculpteurs par excellence ! » Mais ni son fils, qui se voit déjà « faire le même métier que papa », ni son épouse, qui pour les besoins de la cause poursuit à la maison son rôle de professeur, ne sauraient lui en tenir rigueur : « Elle enseigne l’histoire et la géographie, donc je me tourne souvent vers elle quand je cale sur un sujet. » Parmi ses violons d’Ingres, il y a cette guitare qu’il fait vibrer aux accords flamenco, il y a le sport dans tous ses états, notamment le karaté, que la ceinture noire entretient à coups de kata. Mais le naturel revenant toujours au galop, c’est dans les soixante-quinze mètres carrés de son atelier vitré de plain-pied qu’Angelo passe une grande partie de son temps libre à peaufiner des bas-reliefs en albâtre ou des pots pour un prochain concours. Modelant l’argile ou la terre, agitant ses doigts et ses spatules en se tortillant l’esprit, il poursuit avec patience, exigence et minutie : « Finalement, on ne sait jamais quand une pièce est finie ! »
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Panthéon
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Après une première carrière dans un cabinet d’avocat à Montpellier, découvrir Aurige aura marqué un réel tournant dans ma vie : celui de mes rencontres avec les monuments historiques. Et l’une des plus mémorables s’est sans aucun doute produite lors d’une visite en 2015, où tout le personnel du siège était convié à venir découvrir la restauration de la coupole du Panthéon. C’était à couper le souffle ; la conception de cet échafaudage pensé pour éviter la prise au vent, était déjà un sujet d’expertise en luimême ! Nos artisans avaient installé une plateforme sur tout le pourtour de la coupole ; j’ai même pu monter dans le péristyle, qui est encore plus haut. La vue sur Paris était tout simplement splendide. C’était une expérience ô combien privilégiée puisque l’intérieur de la coupole ne se visite jamais d’ordinaire, et que j’ai pu admirer les autres fresques dans les coupoles cachées ! Il est vrai que le métier de juriste revêt un sens tout particulier au sein d’Aurige. Au-delà de la politique bienveillante qui règne ici, j’ai la chance de contribuer à une aventure qui œuvre pour le beau, d’évoluer dans une Maison pétrie d’histoire ! Et puis je suis toujours heureuse de me rendre sur les chantiers ; c’est émouvant de voir la patte de tous ces artistes, de ressentir l’édifice au plus près. C’est précisément le but de ces visites : montrer à toutes celles et ceux qui travaillent dans les fonctions support que leurs efforts se matérialisent dans une réalité, dont la profondeur dépasse de loin toutes nos attentes !
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Sandy était une petite fille qui rêvassait en voyant les chapelles, les châteaux forts, et même les grottes préhistoriques.
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L’emménagement de sa famille dans un modeste village, tout près d’un sculpteur, lui fit hisser la pierre au rang de matériau noble : « Je voulais être archéologue parce que j’avais déjà cette passion pour ce genre d’endroits chargés d’Histoire, mais cette rencontre a été le point de départ qui a dirigé ma vie. Depuis la classe de cinquième, je ne me voyais plus faire autre chose ! » Pendant les vacances et après les cours, l’adolescente se rend donc dans l’atelier de l’artisan voisin, pour découvrir un geste qu’elle réalisera à son tour. Elle s’imprègne des odeurs, se confronte aux patines, travaille sur un buste qui se devait de parfaitement reproduire le bronze ou le cuivre verdi. Au fil des années, Sandy décrypte un métier qui l’emmène dans les catacombes des églises, et rencontre des personnalités pour le moins singulières : « Je me rappelle ce manœuvre qui assistait le sculpteur, il avait un physique incroyable ; il avait monté un calvaire en pierre massive sur son dos, d’un poids démentiel ! Il a littéralement porté sa croix ! » Parce qu’elle connaît déjà ce secteur qui ne tergiverse pas – « les gens pensent que c’est rude, et ça l’est, on travaille parfois par moins quinze degrés ! » –, elle quitte sa Lorraine pour rejoindre Dijon et le lycée professionnel, avec ses camarades surnommés les « casse-cailloux ». Si son gabarit peut détonner dans un milieu de gaillards, Sandy persévère et prouvera sans coup férir qu’elle peut le faire. Chantier après chantier, elle deviendra Tailleur de pierre.
En 2011, entendant parler des réalisations Jacquet, elle comprend qu’elle tient un projet qui saura la faire vibrer : « D’autres tailleurs que je connaissais avaient rejoint l’entreprise et me montraient des photographies de leurs réalisations ! Cela n’avait tellement rien à voir avec mes premières expériences que j’ai immédiatement voulu les rejoindre ! » De rosaces en fenestrages gothiques, Sandy a développé sa patience, sa minutie et les vertus de la concentration : afin de réassembler des décors ornant des cloîtres, des balustrades ou autres chapiteaux du XVIe, tous les mouvements doivent être étudiés pour se coordonner au pouième – « un millimètre de tolérance par mètre de pierre, au trait de moulure ! C’est essentiel, car même si chacun taille son propre caillou, ces ouvrages imposants sont avant tout des prouesses collectives ». Et si les outils ont évolué, si les disqueuses permettent de dégrossir, et que le pistolet pneumatique permet d’épargner les bras, le cœur du métier n’a pas changé dans ses substrats. Il a même gagné en secret : « Sans nos techniques et notre équipement modernes, on se demande franchement comment nos prédécesseurs faisaient pour sortir de tels bâtiments ! » Marteau qui se manie comme à l’époque, la boucharde se manie toujours pour peaufiner le moindre bloc ; et, puisque chaque pierre a été dûment numérotée, une fois que la fiche de débit a été dûment cochée, c’est la mise en palettes puis le cerclage avant expédition vers le chantier. Les touristes du monde entier pourront bien s’ébahir devant le faste et les détails que Jacquet a restaurés à leur attrait originel, Sandy connaît des ornements plus confidentiels. Car plus haut que le regard humain ne saurait porter, il y a ces angelots un brin farfelus qui cohabitent avec les oiseaux dans les flèches et les clochers ; ces gargouilles espiègles, ces personnages qui poursuivent leurs facéties depuis des siècles – « Plus on monte, plus c’est fantasque parce que les sculpteurs de l’ancien temps savaient que personne ne s’aventurerait aussi haut. Du coup, ils laissaient libre cours à leur imagination ! »
De la Sainte-Chapelle au château de Joux, en passant par les citadelles de Vauban, Sandy, qui aurait aimé être « une petite souris » du passé, a glissé sa signature sur d’innombrables pierres. Dans ces ateliers où la plaisanterie n’est jamais loin, les expressions du cru telles que « bassauter » – « pour “flemmarder” ! » – se sont mêlées au contact des Lyonnais qui font « à la z’œil ». Sandy n’a qu’à visser sa casquette à motif camouflage pour entrer en mode déroulage. Et quand elle remise son attirail, quand elle ne cause pas caillou avec son mari lui aussi dans la profession, la pile électrique laisse les forteresses cathares qu’elle aime tant, les ports de charge et le martèlement, pour randonner en silence. C’est là qu’elle élargit le monde minéral pour englober celui du végétal ; en passionnée de botanique, la maman ajoute aux pierres qui s’émoussent tout ce qui bruisse et qui pousse. Incollable sur les plantes et leurs propriétés – « il faut prendre du plantain si tu tousses ! » –, Sandy n’est jamais plus à son aise qu’à cet interstice entre deux univers, admirant le travail du lierre qui gravit lentement les ruines d’un temple, d’un sanctuaire.
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Aître Saint-Maclou
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Comme le ferait un médecin, j’interviens en amont des travaux pour réaliser mon diagnostic ; j’ausculte le bâtiment et je répertorie ses éventuelles pathologies ! En partant de modèles mathématiques, mon rôle est de renforcer la structure des monuments historiques tout en leur restant le plus fidèle possible.
C’est un métier qui me met en étroite relation avec les architectes pour définir l’épaisseur d’un mur ou d’un contrefort, la disposition des voûtes, des poutraisons ou encore la profondeur des fondations. Dès
lors, avec l’équipe de maîtrise d’œuvre, nous montons le dossier jusqu’à l’appel d’offres ; nous fixons les plans de conception en considérant, bien sûr, le budget du client. J’ai la chance de pouvoir me rendre sur des endroits magiques, parfois centenaires : le Panthéon, le Louvre, Versailles, Chambord, pour ne citer qu’eux ! Aussi, j’ai pu œuvrer sur l’aître Saint-Maclou, un cloître en pans de bois du Moyen Âge qui a servi pendant les grandes épidémies. Il était pratiquement intact, ce qui demeure exceptionnel en France !
Avec ses quatre ailes et sa cour centrale, c’est un chantier qui a réuni à peu près tous les corps de
métier. Nous avions même fait venir un charpentier qui travaillait avec des outils d’époque, ce qui donnait aux planches un aspect rugueux, vibrant, unique ! Notre intervention avait surtout vocation à consolider l’édifice afin de l’ouvrir au public, en prenant en compte les charges qu’il allait devoir supporter dans sa prochaine destination. Désormais, il accueille son atelier de poterie, son salon de thé, son restaurant et sa salle d’exposition – Aurige a fait de ce lieu fermé depuis cent ans un cœur vibrant de la ville de Rouen !
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Après plusieurs années passées dans le secteur médico-social, je me suis lancée à l’âge de 35 ans dans une reconversion professionnelle, afin de devenir conductrice de travaux.
J’ai dû reprendre un parcours d’étude, en commençant par le BAC et j’ai poursuivi par un D.U.T. de Génie Civil.
Lors de ma première année, j’ai choisi de réaliser un stage au sein d’une entreprise spécialisée et ce fut une révélation : J’ai décidé de devenir Conductrice de Travaux en maçonnerie-pierre-de-taille !
J’ai donc intégré une licence professionnelle Conservation et Valorisation du Patrimoine Bâti. Mon stage s’est déroulé au sein de l’entreprise Sèle à Nîmes, à la suite duquel j’ai été embauchée comme aide-conductrice de travaux en 2019.
Au quotidien, je suis l’interface entre l’architecte et les équipes de travaux. Je me suis tournée vers ce métier pour la diversité des tâches et l’alternance entre le bureau et le chantier.
J’ai choisi l’entreprise Sèle pour la spécialisation taille de pierre, les monuments sur lesquels elle intervient, pour ses savoir-faire et pour l’équipe professionnelle. J’aime voir quand un chantier prend forme, j’aime quand ce qui se trouve dans les dossiers et sur les plans devient réalité.
Dans mon enfance, je passais beaucoup de temps avec mes parents à reconstruire les murs en pierre qui entouraient la maison et j’étais toujours impressionnée par les bâtiments anciens en me demandant comment on construisait de tels édifices. Désormais j’y participe d’une certaine manière !
Le travail d’équipe est aussi très motivant. Le partage d’idées, de connaissances et la recherche commune de solutions est essentielle dans ma pratique professionnelle. J’ai besoin de continuellement m’enrichir !
J’ai également la chance de faire partie du Groupe AURIGE. C’est un groupe humain, qui donne la chance de pouvoir apprendre et évoluer dans le domaine du patrimoine, n’importe où en France.
Ma passion pour la pierre est venue dès l’enfance avec la découverte de l’art roman et gothique, à travers de nombreuses visites de monuments avec mes parents. Je me souviens avoir dit à mon grand-père, devant le mémorial du Struthof, qu’un jour je restaurerais ce monument !
Après un CAP taille de pierre en 1999, j’ai effectué un Tour de France pendant 7 ans, pour devenir compagnon.
En 2009, j’ai rejoint Léon Noël en tant que tailleur de pierre. A cette époque nous n’étions que deux dans l’agence strasbourgeoise. J’y ai gravi tous les échelons : chef de chantier, puis appareilleur, puis conducteur de travaux, pour finalement prendre la tête de l’agence en 2016. J’ai vu l’agence se développer au fil des années. Nous sommes aujourd’hui une vingtaine. La transmission étant primordiale dans la culture du compagnonnage, nous accueillons actuellement 4 jeunes compagnons qui effectuent leur tour de France. Le but est maintenant de pérenniser l’agence, de continuer de recruter, de former des équipes, pour répondre aux demandes de nos clients.
En 2018, nous avons obtenu le chantier de restauration du Struthof et mon rêve est devenu réalité. J’éprouve une vraie fierté quand je passe devant les monuments que nous avons contribué à restaurer. Un de mes souvenirs le plus marquant reste le chantier de la restauration de la Bibliothèque Nationale et Universitaire à Strasbourg. C’était mon premier gros chantier en tant que conducteur de travaux. Nous y avons travaillé toutes les facettes de la taille de pierre. Il y avait également 26 autres entreprises de tous les corps de métiers ; un beau chantier en équipe, livré dans les temps.
Tout mon parcours professionnel et mes engagements actuels sont nés au Salon de l’étudiant en 1993.
C’est là que j’ai rencontré un Compagnon charpentier qui m’a parlé de son métier. Il avait le projet un peu fou, de monter dans le Jura une école permettant d’obtenir un CAP-BEP, en mettant un pied sur le Tour de France. C’est ainsi que j’ai intégré la première promotion de l’Institut Européen de Formation des Compagnons du Tour de France IEF-CTF. J’ai été reçu Compagnon menuisier 7 ans plus tard.
Pourquoi avoir choisi de travailler chez Aurige ? Parce que les Compagnons et Aurige ont des valeurs communes : la transmission, le partage et l’excellence. Après quelques années en tant que conducteur de travaux et bien implanté dans ma région berrichonne, j’ai rejoint en 2007 l’entreprise MDB installée à Bourges, pour en prendre la direction et développer l’activité de menuiserie.
Chez MDB nous possédons de nombreuses qualifications et depuis l’année dernière l’atelier de Bourges a obtenu le Label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) - L'excellence des savoir-faire français.
Ce qui me plaît, c’est de pouvoir allier des techniques ancestrales et des outils contemporains (commande numérique, plans 3D, etc.). C’est aussi grâce à cela que nous pouvons attirer les jeunes talents, que l’entreprise reste compétitive et attractive et que nous pouvons apporter à nos clients des solutions patrimoniales répondants aux questions environnementales, techniques et thermiques actuelles.
Mon souvenir le plus marquant ? La restauration de la charpente de la nef de la Cathédrale Saint-Etienne de Bourges. 5 années de travail sur la petite sœur de Notre-Dame de Paris, cela ne s’oublie pas.
Après des études d’ingénieur en bâtiment à Rennes et un stage consacré à la restauration du centre-ville ancien de Rennes, j’ai postulé chez Lefèvre. Une place était disponible à Caen. C’est là que j’ai débuté ma carrière en 2008. Une année plus tard, mon conjoint a été embauché à Paris, une place s’est libérée chez Lefèvre à Gennevilliers, les planètes étaient alignées, nous sommes partis pour la capitale.
J’ai eu la charge des marchés publics Paris intra-muros : les Invalides, l’Opéra Garnier, Le Palais Royal, le Louvre. Mon premier chantier : la restauration de la tour nord de l’église Saint-Sulpice. Un projet à plusieurs millions d’euros. Pour un début, c’était un très beau projet dont je suis fière du résultat !
En 2014, retour aux sources, à Rennes, dans l’agence Lefèvre locale. Deux ans après j’ai été promue Conductrice Principale. Mon rôle en tant que Directrice de Travaux est de m’assurer du bon fonctionnement des chantiers. J’encadre des conducteurs de travaux, je m’assure de la bonne gestion administrative et financière du projet et du management d’une cinquantaine de compagnons. J’aime cette polyvalence et la diversité des personnes avec lesquelles je suis amenée à travailler.
Ce qui me plaît chez Lefèvre c’est que l’on donne une chance aux jeunes. On m’a fait confiance très tôt, sur de grands chantiers, et c’est motivant. Cela m’a aidé à grandir et à évoluer professionnellement.
Mon plus beau souvenir ? L’opéra Garnier, avec la restauration de la Rampe de l’Empereur. Le chantier était techniquement complexe, avec un gros travail d’appareillage et des relevés 3D. Nous avions les lots taille de pierre et réhabilitation. Nous avons tout posé à la grue, pour un beau résultat final et dans les temps.
Ayant commencé par des études de mécanique de précision, rien de me prédestinait à évoluer dans l’univers de la peinture. Mais le destin s’en est mêlé. A l’époque mon entraineur de rugby était conducteur de travaux dans une entreprise de peinture. Il m’y a fait entrer pour un travail d’été et un an plus tard comme salarié. J’ai commencé par de la pose de papier peint, puis de la peinture, pour ensuite gravir les échelons, jusqu’à devenir conducteur de travaux. Au bout d’une dizaine d’années, la société a fermé et ce fut pour moi l’occasion de changer d’entreprise.
J’ai alors répondu à une offre d’emploi chez Duval et Mauler ; c’était il y a 22 ans… Avec l’équipe présente nous avons développé le marché des Monuments Historiques, sur lequel nous étions peu présent. Aujourd’hui nous travaillons beaucoup avec les Architectes en Chefs. A leurs côtés j’ai beaucoup appris. J’ai pu suivre plusieurs chantiers d’exceptions au fil des années. C’est beau de voir un monument reprendre vie, de voir ses couleurs se raviver pour finalement retrouver leur éclat d’antan !
Faisant partie d’Aurige, nous collaborons souvent entre filiales. Disposants d’autres savoir-faire d’exception, les différents ateliers du groupe se complètent parfaitement pour aborder les multiples facettes de la restauration du patrimoine.
C’est ce qui me plaît le plus dans mon métier ? Travailler chaque jour avec des personnes différentes et faire bénéficier les autres de mes années d’expérience, avec un même but : la sauvegarde de notre patrimoine.
Depuis mon enfance, par ma famille, j’ai toujours été baigné dans cette culture de la sauvegarde du Patrimoine et des vieilles pierres. Je pense que cela est ancré en moi depuis longtemps ! Après un diplôme de conducteur de travaux à l’ESTP, j’ai rejoint le cycle ingénieur de l’ESITC Paris pour y effectuer un Master II.
Je suis entré chez Lefèvre il y a un peu plus de 11 ans. J’ai d’abord effectué mon stage de fin d’études sur le chantier de restauration de l’église Saint-Sulpice à Paris, puis j’ai été embauché pour travailler au bureau d’études de prix de l’agence Lefèvre Rénovation. Je me suis ensuite progressivement tourné vers les travaux et mes différentes expériences m’ont mené vers le patrimoine du XXème siècle.
En 2016, afin de proposer une réponse spécifique à la restauration des premiers bétons historiques, nous avons intégré au sein de Lefèvre une petite société spécialisé sur ce sujet : Novbéton. La perspective de pouvoir développer une structure au sein du groupe Aurige est une formidable opportunité. Je trouve cela rassurant de pouvoir s’appuyer sur un groupe qui a une organisation solide et reconnue. Cela nous pousse à prendre du recul et de la hauteur ; c’est une bonne chose pour progresser.
Ma mission chez Novbéton est de répondre aux sollicitations des Maîtres d’Ouvrage et Maîtres d’Œuvre qui ont des problématiques d’entretien et de conservation de patrimoine bâti en béton. Ce qui me plaît vraiment, c’est d’entretenir et de faire traverser le temps à des bâtiments anciens. J’aime aussi le fait d’avoir un objectif commun pour mener à bien un projet, autour du trio indissociable constitué du Maître d’Ouvrage, du Maître d’Œuvre, et de l’Entreprise. C’est un métier multitâche, dans lequel il faut une bonne capacité d’adaptation et être résolument tourné vers les autres.
Après un BTS de conducteur de travaux et quelques années passées en tant que dessinateur-projeteur dans un cabinet d’architectes, je me suis retrouvé au chômage. Un ami de mon père, à l’époque directeur de la Soporen, recherchait un appareilleur. Lors de l’entretien d’embauche, j’ai pu mettre en avant mes connaissances en dessin et mon envie d’apprendre. Mais je ne connaissais pas bien les Monuments Historiques. « Aucun problème » m’a-t-on dit, «nous allons vous former ; vous commencez dans deux mois !». C’est ainsi qu’a démarré une aventure humaine qui aura durée 36 années. J’ai ensuite évolué dans plusieurs entités du groupe, pour finalement revenir à mon point d’entrée, la Soporen ; la boucle était bouclée.
Je remercie Aurige de m’avoir offert une si belle carrière. Après ces 36 années passées au service des Monuments, je suis en train de passer le flambeau. J’ai pris ma retraite, mais je continue de travailler à mi-temps. Je reste pour accompagner mon successeur, transmettre mon savoir et former les jeunes qui arrivent. Ce rôle de transmission est très important pour moi, car notre métier c’est avant tout une histoire d’Hommes et de Femmes. Ma fille, ancienne infirmière, termine sa reconversion professionnelle au sein même de l’entreprise pour devenir elle aussi, appareilleur…
Tailleur de pierre de profession, restaurateur de monuments historiques par passion.
Fort Boyard, tour Saint-Nicolas, tour de la Chaîne, cathédrale Saint-Louis ou encore l’Hôtel de Ville de la Rochelle… J’œuvre à la renaissance du patrimoine historique et j’aime mettre les mains dans les vieilles pierres. Après l'obtention d'un CAP Métier de la Pierre, d'un Brevet Professionnel CFA et d’une première expérience en tant que tailleur de pierre, j’ai mis mon expertise au service des monuments en péril ! Je travaille chez les Compagnons de Saint-Jacques depuis 2003. Ils m’ont fait confiance alors que je ne connaissais rien au métier. Ils m’ont laissé le temps d'apprendre et aujourd'hui ce n’est que du bonheur.
Au quotidien je m’occupe de la gestion de plusieurs chantiers et des compagnons. Je veille au respect des règles de restauration à l’identique. J’ai choisi de faire ce métier car j’avais envie d’un travail manuel, peu commun, artistique et jamais répétitif. Mon métier me passionne, c’est toujours un plaisir de restaurer des monuments qui ont une telle histoire et qui souvent se situent dans des cadres uniques. Cela est également rendu possible grâce au groupe Aurige qui nous apporte une belle qualité de travail et des chantiers d’exception.
Mon meilleur souvenir professionnel chez Les Compagnons de Saint-Jacques ? Assurément, le chantier sur le Fort Boyard car on dormait sur place, on profitait des couchers de soleil au milieu de l’océan. On se rendait sur place tous les lundis matin en hélicoptère puis on repartait tous les vendredis soir en hélicoptère. Les livraisons des matériaux et du matériel s’opéraient en Hélitreuillage. Puis… tailler un caillou et le mettre en place pour le Fort Boyard, c’est une chance incroyable !
De manière générale, après chaque chantier achevé je ressens de la fierté. Je suis fier d’avoir pu participer à la rénovation d'un édifice construit par nos ancêtres, et pour lequel toute l'énergie possible avait été donnée. Pas question de tricher avec l'histoire ; quand une restauration est dévoilée, le monument doit ressembler dans le détail à ce qu'il était au moment de sa construction !
J’ai grandi en Touraine, où le Patrimoine est réellement omniprésent ; il marque l’enfance par sa richesse et sa diversité. J’ai ainsi orienté mes études vers un BTS vente et production touristique à Tours puis une Licence en Gestion hôtelière et touristique à Angers avant de poursuivre en Master Marketing et Management du Tourisme à ICOGES Lyon. Issue du monde du voyage et du tourisme responsable, par mes expériences passées, je retire des savoirs et des exigences tels que le respect du visiteur dans ses différences ou encore l’exigence de la qualité de service. Je travaille chez Alfran, en tant que responsable du site Cassinomagus, depuis mars 2017. Je suis arrivée ici un peu par hasard, d’abord par choix géographique personnel et familial. L’opportunité d’un poste à responsabilité a été une découverte fortuite. De ma passion du territoire sur lequel Cassinomagus est construit, je retire la fierté de valoriser un patrimoine qui nous appartient à tous.
Je n’ai pas choisi à proprement parler ce métier, j’ai choisi de respecter mes valeurs même au travail, ce que je fais aujourd’hui en alliant un travail dans un espace magique au cœur de la nature et un métier éthiquement parfait car lié à la culture. Au quotidien je m’occupe d’une équipe polyvalente en compétences : botanique, communication, entretien, visites guidées et gestion RH. Je définis les orientations pédagogiques et les thématiques des offres de visites puis je gère les relations avec les institutions patrimoniales et les archéologues qui fouillent sur le site.
Mes meilleurs moments ? En été, avant les journées souvent chargées de visiteurs estivants, j’apprécie particulièrement d’arriver avant l’équipe pour « réveiller » les différents espaces du site : ouvrir les grilles des thermes classés Monuments Historiques, parcourir le parc, son jardin antique et son verger ou illuminer les vestiges de l’aqueduc. Dans ces moments, je suis extrêmement fière de ma mission et du travail d’équipe réalisé à Cassinomagus. Il est merveilleux de réaliser que sous « l’Ere ALFRAN », le record du nombre de visiteurs annuel est atteint sur le site, avec un niveau de satisfaction excellent.
Le groupe Aurige? Il apporte une crédibilité et du sérieux à notre activité.
Rien ne me prédestinait à faire la carrière que j’ai faite. Plus jeune, je n’ai jamais prêté attention aux monuments historiques, ni au bois. Fils de deux parents chirurgiens, je me suis naturellement orienté vers un parcours en médecine. En 1998, après des études et une expérience professionnelle dans le secteur médical, j’ai tout abandonné pour revenir à un métier plus manuel. J’ai alors effectué un CAP de charpentier à la Fédération Compagnonnique des Métiers du Bâtiment. J’ai fait le Tour de France avec les Compagnons pendant 5 ans.
J’avais 33 ans quand ce tour m’a amené au plaisir de travailler le vieux bois. Ce fût une belle expérience et une grande découverte pour moi.
J’ai apprécié apprendre aux côtés des anciens. J’aime mon métier ! J’aime réaliser quelque chose de concret avec mes mains et j’ai satisfaction à démonter, étayer, remonter ou remplacer une charpente. Ce qui me plaît c’est que je travaille autant avec ma tête qu’avec mes mains ! La plupart des charpentiers font du bois neuf, moi depuis le début je suis passionné par la restauration du vieux bois et le fait de refaire à l’identique. Il faut être doté d’une certaine patience pour être charpentier car les choses se font lentement, avec minutie.
J’ai connu l’entreprise M.D.B. lors de mon tour de France et cela fait maintenant 15 ans que j’en fais partie. J’ai commencé par reprendre l’agence de Bourges avec un des directeurs, puis j’ai ensuite participé à la création de l’agence parisienne, dans laquelle j’ai continué ma carrière. Dès le départ je me suis senti bien, il y avait une bonne entente et des projets très intéressants.
Je retiens plus particulièrement le chantier de Notre-Dame de Paris où l’on a restauré les beffrois et les supports de cloches. Ou encore, au château de Versailles – le chantier de l’opéra royal dans lequel la charpente avait été démolie. Peu importe le chantier, j’ai toujours tenu à rester sur le terrain, je ne veux pas d’une place en bureau.
Je suis content de faire partie d’un groupe solide comme Aurige. Il nous apporte un appui, c’est notre source de références. Sans le groupe nous n’aurions sans doute pas d’aussi beaux chantiers.
Depuis l’enfance je suis attirée par le patrimoine dans toute sa richesse. Lors des visites familiales de sites historiques, je cherchais constamment les passages dérobés et les détails dans les décors.
J’ai vécu au Canada et j’y ai découvert la récente histoire de ce pays et de son patrimoine bâti. Cela m’a fait prendre conscience de la richesse de notre patrimoine français et de la chance que nous avons de pouvoir intervenir sur ces lieux chargés d’Histoire.
Après des classes préparatoires en Physique et un cursus à l’école Polytechnique de Grenoble, j’ai réalisé mon stage de fin d’étude au sein de l’atelier Tollis. J’y ai été ensuite été embauchée en octobre 2018.
Je me souviendrai longtemps de mon premier jour chez Tollis : mon chef me tendant un casque et me disant que l’on partait pour le chantier … de la Chapelle Royale du Château de Versailles ! Versailles vu des toits, sous la neige et sans aucun visiteur dans les jardins… inoubliable !
L’environnement et les conditions dans lesquelles s’exerce ce travail me correspondent, car une part importante des missions du conducteur de travaux se déroule sur le terrain et ne laisse ainsi pas de place à la routine ! De plus, ce métier me permet d’accéder aux coulisses des chantiers et de suivre un projet dans sa globalité, ce qui est pour moi un aspect essentiel pour donner du sens aux actions menées.
Au quotidien je prends en charge les aspects techniques des chantiers, pour apporter des réponses qui soient en accord avec les règles de l'art et la conservation de l'esthétique des ornements que nous restaurons. J’organise la logistique et l’approvisionnement des chantiers, je mets en œuvre les consignes de sécurité, je constitue les équipes et je participe aux réunions de chantiers. Il faut être organisée, inventive et pragmatique pour faire face aux nombreuses situations « urgentes ».
Ce qui me motive le plus ? Participer, même de façon ponctuelle, à la conservation et au renouveau d’un site, ou d’un édifice, qui a été témoin de nombreuses histoires humaines et de faire en sorte qu’il puisse encore marquer les générations futures. Et puis il y a l’interaction avec les compagnons et la mesure de l’avant/après, de ce qui a été rendu possible par leur savoir-faire.
J’ai choisi de rester chez Tollis pour la diversité des interventions, la nature des savoir-faire présents au sein de l’atelier, ainsi que sa taille humaine. De plus, l’atelier fait partie du groupe Aurige qui rassemble une grande diversité de métiers et possède une importante répartition géographique qui permet d’intervenir sur un large spectre d’opérations.
J’ai appris le métier avec mon père qui était électricien. Il m’a formé et m’a donné le goût du travail bien fait. Quelques années plus tard, il est parti sur le chantier du métro de Caracas. Je ne l’ai pas suivi et j’ai alors créé ma propre entreprise sur l’ile de la Réunion. Lorsque qu’il est revenu nous avons décidé de travailler ensemble. Au départ nous avions 6 employés, puis notre affaire s’est développée et nous avons terminé l’aventure avec une centaine de collaborateurs. Ce parcours m’a permis d’accéder à de nombreux corps de métiers tels que l’électricité, la plomberie, le carrelage, la peinture, le gros œuvre ou encore la réhabilitation.
Et puis un jour je suis rentré en métropole et j’ai croisé par hasard un ancien directeur de l’entreprise Jacquet Rhône-Alpes. Il recherchait un chef de chantier. Ce fut le début d’une belle aventure.
Mon premier chantier me laisse un souvenir très fort. C’était sur la basilique Saint-François-de-Salles à Thonon-les-Bains. La difficulté résidait dans le démontage des arcs boutants de l’édifice. J’avais trouvé une méthodologie innovante, mais il manquait quelque chose à ma proposition ; il fallait aller plus loin pour rendre mon dispositif opérationnel. Un dirigeant du groupe qui visitait le chantier par hasard, m’a instinctivement aidé en me dessinant un schéma à la main pour compléter ma solution. C’est un bel exemple de collaboration et d’entraide comme on peut en voir chez Aurige.
Le bois m’a toujours attiré. Déjà à l’âge de 6 ou 7 ans je voyais mon père bricoler et j’aimais les travaux manuels. Je suis donc entré chez les Compagnons à 16 ans. J’ai fait le Tour de France, pour revenir à Bourges 10 années plus tard, sur mes terres d’origine. Je suis entré chez MDB, en 2006. J’ai choisi cette entreprise car elle ne faisait pas que poser ; elle fabriquait elle-même ses menuiseries, ses charpentes et ses meubles et cela devenait rare dans ce métier. Aujourd’hui j’y suis Chef d’Atelier. J’aime travailler le bois. Partir de la matière brute pour arriver à une pièce unique, c’est cela qui me motive. Les techniques évoluent et les outils aussi. Je suis actuellement formé sur de nouvelles machines plus modernes, pour progresser et m’adapter. Mon travail consiste également à transmettre mon savoir aux jeunes qui arrivent chez nous. Ils sont preneurs, cela fait plaisir. Je peux vous garantir que la relève est assurée ! Mon chantier le plus marquant ? Un château appartenant à un propriétaire privé, pour lequel le volume de travail a été impressionnant. Le bois brut est arrivé à l’atelier et il en est ressorti avec de magnifiques moulures. Nous avons dû mettre en place une logistique très précise pour faciliter la pose sur place par nos équipes. Un puzzle grandeur nature ! J’ai ressenti une émotion très particulière en découvrant le résultat final.
J’habite entre Nîmes et Arles, une région riche en patrimoine. Enfant je me baladais déjà sur le Pont du Gard qui me faisait rêver. Mon père était entrepreneur maçon et je m’amusais à tailler des blocs de béton cellulaire. Mais mon cœur balançait entre devenir trompettiste et tailleur de pierre. J’ai finalement suivi une formation pour devenir tailleur de pierre, mais j’ai réussi à concilier les deux puisque j’ai aussi pu jouer de la trompette dans l’orchestre de la feria à Nîmes.
Je suis entré chez Sèle en 1992 comme tailleur de pierre, puis je suis passé chef d’atelier. J’ai ensuite suivi une formation d’appareilleur et aujourd’hui je suis chef de chantier sur les arènes de Nîmes. Chez Sèle j’ai vraiment pu toucher à tous les aspects du métier. J’ai même participé à l’extraction de la pierre des arènes dans notre carrière de Barutel.
La restauration des arènes est l’un des plus importants chantiers en France. Il va s’étaler sur les quinze prochaines années. Pour l’instant nous n’avons livré que les deux premières tranches. J’organise le travail des compagnons, je m’assure de la qualité de réalisation des ouvrages tout en garantissant la sécurité sur le chantier et le respect les délais. J’apporte mon expérience et ma technique à l’équipe pour trouver des solutions et mieux travailler. Je suis fier de ce que nous y réalisons.
Je travaille chez Renofors depuis 25 ans et cette entreprise m’a donné la possibilité d’évoluer. J’y suis entré en 1994 en tant que compagnon, suis devenu chef d’équipe, chef de chantier, puis responsable de travaux. Mon métier consiste à trouver les bonnes techniques pour réparer, renforcer et solidifier la structure des bâtiments.
Chaque réalisation est différente et c’est pour cela que, depuis toutes ces années, l’envie est restée la même. La réalisation qui m’a le plus marqué ? La restauration des Halles du Boulingrin à Reims. J’avais carte blanche pour réaliser des essais sur le traitement du béton. Nous avons développé des procédés nouveaux, de nouvelles techniques et fait des recherches pour arriver à un résultat optimal. Nous avons décroché ce marché qui a duré deux ans. C’était un vrai défi pour lequel on m’a fait confiance et dont je suis fier du résultat.
Aujourd’hui, grâce à mes années d’expériences et à mes connaissances techniques, j’épaule les conducteurs de travaux. J’apporte des conseils pour savoir si les techniques et les études préalables vont vraiment pouvoir s’adapter sur le terrain. La force de notre entreprise, c’est le travail d’équipe. Nous sommes soudés comme une famille.
Travailler en famille, comment cela se passe-t-il ?
Gilles : Très bien, je suis très fier de mon fils. Il a acquis de très belles responsabilités et gère de grands chantiers. Je prendrai ma retraite dans 2 ou 3 ans, après presque 40 années passées chez Lefèvre ! Mon dernier chantier se fera avec lui, sur la Cathédrale de Bayeux, en famille. La boucle sera bouclée !
Tristan : Je suis encore jeune dans le métier et c’est un véritable atout de pouvoir bénéficier de l’expérience de mon père. Il m’aide vraiment à progresser.
Avez-vous suivi l’exemple de votre père pour choisir ce métier ?
T : C’est vrai que j’ai passé une bonne partie de mes vacances sur les chantiers avec lui. Petit, je lui avais dit « un jour je te commanderai ! ». J’ai d’abord commencé par quelques stages chez Lefèvre et puis j’y suis entré complètement en 2015.
G : Il avait vu juste, car c’est le cas maintenant ! Restaurer les Monuments Historiques, c’est un peu une histoire de famille, mon beau-père était ardoisier et le mari de ma fille est menuisier-charpentier.
Une anecdote de famille à nous faire partager ?
T : Lors d’un chantier, j’ai trouvé par hasard sur la cathédrale de Bayeux une pierre qui avait été posée par mon père avant ma naissance en 1987. Son nom était gravé dessus ! Cela m’a beaucoup touché.
G : J’en avais moi-même trouvée une avec le nom de mon beau-père, gravée en 1955, dans la Tour de la Lanterne de l’Abbaye aux Hommes. Il y a parfois de drôles de coïncidences dans la vie.
Je suis d’origine turque et je suis venu en France par amour, pour suivre ma femme rencontrée en 2012. J’ai d’abord travaillé chez Lefèvre, puis chez Léon Noël en intérim et au bout d’un an j’ai été embauché. Ma formation était pourtant dans la maçonnerie traditionnelle, mais j’ai découvert la restauration du patrimoine et je n’envisage plus de faire autre chose.
Depuis 2017, je suis en charge du chantier de la restauration du Familistère de Guise. Je me suis totalement imprégné de ce lieu, j’ai visité le musée, lu sur son histoire. Mon porte-clé est celui du familistère ; je suis devenu un vrai guisard ! Je supervise l’équipe de chantier Léon Noël et les autres corps de métier qui travaillent sur place. Je veux faire bien et beau, pour respecter l’image de Léon Noël et la faire reconnaître. Je poste des photos de l’avancée des travaux sur Facebook et j’ai des likes jusqu’en Turquie !
Chaque jour je donne quelque chose de moi au monument, à Léon Noël ; Je donne de la valeur à la France. Mes parents sont venus récemment me voir en France pour la première fois. J’étais très fier de leur montrer le Familistère et ce que j’y avais accompli. Mon père n’en revenait pas, c’était émouvant.
En conclusion : İşimi seviyorum *
Je suis physico-chimiste de formation et j’ai toujours souhaité travailler dans le patrimoine, je me suis spécialisée dans l’étude de l’altération des matériaux du patrimoine. Après différentes expériences en laboratoire et en bureau d’études, sur des sujets très divers comme le dessalement des pierres, les vitraux ou les peintures murales, j’ai intégré le bureau d’études E.C.M.H. en janvier 2015.
E.C.M.H. est une entité du groupe Aurige, spécialisée dans le diagnostic des pathologies du patrimoine bâti. Dans le cadre de nos missions, nous sommes amenées à travailler à la fois en synergie avec les entités du groupe, mais également avec des architectes, des conservateurs...Au sein d’E.C.M.H., je réalise des diagnostics sanitaires avant travaux. Mon travail consiste à me rendre sur site pour y réaliser des observations, des prélèvements et des essais de traitements pour pouvoir ensuite établir un protocole d’intervention. Mon travail me permet d’interagir avec de nombreuses personnes d’horizons différents toutes reliées par l’Histoire et la passion du Patrimoine. C’est, je pense, ce qui fait la plus grande richesse de mon métier. Il me permet de développer de nombreuses compétences techniques, mais également humaines. Je suis consciente du privilège que j’ai d’échanger et d’apprendre avec des personnes passionnées partageant des savoirs d’exception dans des lieux uniques.